Généralement en hiver, les roulottes prennent le chemin de l’entreposage ou encore la route vers les cieux mexicains ou floridiens, mais rarement les voit-on se hisser au sommet d’une montagne chaussée de skis. Au cours de ses riches 75 ans d’histoire, le mont Tremblant a vu défiler sur ses pistes bien des engins sur neige, mais certainement pas une roulotte… sur skis. À voir certainement lors des prochains 24H de Tremblant.
Philippe Mayrand n’est pas le seul à se spécialiser dans le chronométrage lors d’événements sportifs, mais il lui fallait se distinguer de ses compères et optimiser les conditions pas toujours faciles en hiver d’enregistrer les performances des compétiteurs. Son choix s’est porté sur une roulotte Airstream de 24 pieds qu’il aura fallu adapter en dedans comme en dehors.
Pour sa compagnie M.S-1 Timing, le choix d’une Airstream allait de soi. La construction unique de la coque de ce vr issue de la technologie aéronautique lui conférait un look très avant-gardiste, loin des habituels chapiteaux ou petites roulottes de chantier qui souvent abritent les centres de chronométrage. « Sur le plan marketing, le look était accrocheur », dira son propriétaire.
De plus, ces postes de contrôle sont souvent situés aux arrivées de parcours, notamment en bas des pentes lors de compétition sur neige. Philippe Mayrand souhaitait encore là se distinguer et se poster en haut du parcours, comme lors des réputées 24 Heures de Tremblant et ainsi éviter la cohue spectateurs/coureurs au bas du parcours.
Mais pour atteindre cet objectif, il lui fallait trouver le moyen de conduire sa roulotte au départ, 875 mètres plus haut (2,871 pieds). Avec l’aide d’un ferblantier qu’il connaissait bien, ils ont mis au point des skis sur lesquels reposent les roues attachées par des sangles utilisées généralement par les remorqueurs de voitures.
Tractée par une dameuse des pistes, la première ascension en 2012 ne posa pas de problème, mais la descente, même par la piste la plus douce, n’aura pas été sans donner des sueurs froides à son propriétaire. L’addition de 3 lisses sur les skis devait par la suite minimiser les risques de glissades latérales.
UN MODÈLE PARTICULIER On dit que 65% des légendaires roulottes Airstream sont toujours en circulation sous divers gabarit et configuration. Cependant, pour Philippe Mayrand, un modèle précis lui importait et il croyait pouvoir le trouver quelque part aux États-Unis via E-Bay. Or, le sort et le hasard l’auront mené à moins d’une heure de sa résidence dans les Laurentides. Mise en vente par une succession, le modèle stationné dans un camping saisonnier avait peu roulé et il était toujours fonctionnel.
Pour à peine 8 000$, il a ainsi pu mettre la main sur la Landyacht Caravaner 1976 tant convoitée. L’attrait de ce modèle aussi appelé « Party camper » tenait à son absence de chambre à coucher, au comptoir cuisine côté chauffeur et de la table côté passager devant accueillir les ordinateurs.
Après quelques rénos et coups de pinceau à l’intérieur, l’habitacle prenait des allures de poste de commande spatiale avec tout l’équipement électronique requis. Tout ce que les organisateurs d’événements ont à fournir est un raccordement électrique comme ce fut le cas lors d’événements plus estivaux comme le Championnat du monde monocycle et divers marathon ou triathlon.
VOCATION PREMIÈRE MAINTENUE La vénérable roulotte a tout de même conservé sa vocation de véhicule récréatif. Dépossédée de sa quincaille électronique, elle redevient pour quelques sorties familiales l’outil de camping pour laquelle elle était initialement destinée.
Avec sa petite famille, la maman et les deux enfants, la Airstream s’est même laissée conduire plus d’une fois à Long-Island/New York par la Suburban du paternel.
Quiconque s’adonnera à une recherche sur internet des diverses possibilités de conversion d’une Airstream découvrira combien certaines peuvent être originales. Qui ne se souvient pas de son utilisation comme véhicule de transport au sol des astronautes d’Apollo 11 ? En séjour de ski à la station Aspen, nous y avons même déjà vu au sommet un modèle transformé en « bar à oxygène » pour ceux qui avaient peine à combattre l’altitude de cette station du Colorado. De quoi prétendre que certains modèles sont à couper le souffle.