On dit des grandes fermes mécanisées qu'elles sont du terroir. C'est certes vrai car on y cultive, mais jamais comme à la ferme Les Argousiers Ste-Christine, non loin d'Acton Vale. On ne visite pas simplement l'endroit, on prend le temps de s'en imprégner tout en réalisant que cultiver en harmonie avec la nature est loin d'être une méthode révolue.
Dès qu'on se présente à la ferme sise sur une belle route de campagne montérégienne, on sent déjà l'authenticité. L'accueil de la maitresse du lieu est cordial et on ne bâtit aucune expectative chez le visiteur avec un programme préétabli. Tout au plus, Paule Ratté vous invitera à sillonner librement sentiers et champs, voire l'accompagner dans ses tâches où concurremment à celles-ci, elle sera généreuse d'explications.
En fait, on se laisse aller ici et là comme la quarantaine de poules en liberté qui sont les alliés de la fermière en grattant/désherbant les bases d’argousiers tout en engraissant le sol environnant de leur lisier. Paule s’enorgueillit d’ailleurs, fierté non dissimulée, d’encourager la « main d’œuvre à bon marché ».
À défaut d’employés sauf quelques amis/voisins bénévoles occasionnels et son conjoint Martin Lemay ayant déjà un emploi régulier au village, la ferme compte surtout sur ses moutons et une soixantaine de lapins qui broutent et engraissent aussi le sol en donnant à la terre d’à peine 18 acres son caractère biologique sans herbicides, ni pesticides.
Dur labeur tout de même que de déplacer quotidiennement une douzaine de cage-charrettes dans lesquelles les lapins désherbent et engraissent le sol.
La production dominante demeure l’argouse, un petit fruit assez méconnu chez plusieurs et qui compte pourtant quelque 70 producteurs au Québec. Ce fruit présente un petit goût juteux et acidulé qui rappelle celui du fruit de la passion et de l'ananas, diront certains.
Le fils de Paule et sa bru (charmant jeune couple) contribuent au caractère familial de l’endroit en veillant à la colonie de ruches.
En plus de l’argouse, Paule cultive également avec passion une autre tradition soit celle de tisserande qu’elle a héritée d’une mentor beauceronne. Elle veille à poursuivre la mission de Francine Paquet qui durant 40 ans aura perpétué le filage à partir de fibres végétales du lin.
Riche séjour en échange sur divers sujets qui maintiennent l’équilibre entre le passé et le présent qui culminera par petit déjeuner « Spécial Terego » fort goûteux.
Ce qui est fascinant à côtoyer Paule Ratté, c’est sa passion communicative à défendre les artisans cultivateurs dont le métier est trop souvent dévalorisé par les bonzes de cette industrie nourricière.
Il importe d’ailleurs de ne pas affubler l’endroit du préjugé de granola. Loin de là, parlons plutôt ici d’authenticité. Certains traits du modus operandi de la ferme pourraient peut-être rappeler à certains égards ceux des Amish.
Cette volonté insatiable à vouloir mettre en valeur les propriétés du terroir de base se communique à travers des visites de groupes communautaires lors de « journées paysannes ». (photo Facebook Argousiers Ste-C)
En plus de présences lors de marchés publics régionaux, la ferme vend aussi des produits autres que l’argouse, soit ceux de la volaille, des lapins et des ruches ainsi que des thés d'argousiers en mélange avec plusieurs plantes culinaires et médicinales.
SITES TEREGO
L’un situé à l’entrée et près de la maison pourrait à la rigueur être utilisé de façon longitudinale par 2 vans amies. Le second site plus éloigné et réservé aux véhicules de petit gabarit en raison du sentier serré, mènera plus laborieusement aux abords de la zone de culture des argousiers.
Visité le 2 septembre 2024
