Bien sûr que seulement les observer nous séduit, mais en connaitre plus nous charme littéralement. Un élevage d’alpagas n’est pas comme un élevage de moutons qu’on laisse allègrement se reproduire au champ. Ici la planification des naissances prend tout son sens dans le plus grand respect de cette espèce attachante. L’alpaga n’est pas qu’un gros toutou en peluche, mais un animal qui se doit d’être bien élevé.
NDLR : C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris que la jolie ferme a été vendue à l’automne 2022. Après s’être investit sans compter, l’heure de la retraite a sonné pour ses propriétaires Lise et Normand Pollender. Les nouveaux acquéreurs n’entendent toutefois pas perpétuer la vocation de la ferme. Nous maintiendrons cependant en ligne ce blogue en témoignage d’un si beau souvenir.
À la Ferme Norli de Bromont on prend un soin jaloux d’élever avec rigueur cet espèce qui soulève curiosité et intérêt de plus en plus au Québec. Pas question de faire un élevage débridé, mais plutôt planifié afin d’assurer la qualité de la laine produite et éviter la consanguinité des bêtes.
C’est à l’hiver qu’on planifie les « matchs parfaits » qui se feront en juin et juillet. La gestation étant de quasi 12 mois, c’est concurremment à cette époque que surviennent les naissances. Une fois le plan bien établi, on prépare les noces dans ce que l’on appelle les « maisons de l’amour ». Ce sont des enclos qui peuvent contenir 4 à 5 femelles pour un mâle ou 12 femelles pour un mâle dans les plus grands.
L’aménagement de la ferme est donc très cartésien. Puisque l’alpaga ne fait pas l’objet de rut, on ne peut laisser les mâles bambocher à qui mieux-mieux en pleine mixité avec les femelles. Ils sont donc confinés loin de la tentation.
Les femelles sont quant à elles contenues dans un autre enclos où elles donneront éventuellement naissance. Si leur petit est un mâle, il n’y demeurera pas plus de 6 mois avant de rejoindre ses compères dans l’enclos masculin.
Sur 55 accouplements réalisés en 2020, les échographies vétérinaires laissaient entrevoir 33 naissances pour l’été 2021. Lors de notre visite à la mi-juillet, 17 avaient déjà eu lieu dont une à peine 30 minutes avant notre arrivée. Maman Roxy venait de libérer sa première fille Raya.
Le lendemain, le hasard était à nouveau quasi synchro à notre retour avec une nouvelle naissance survenue quelques heures auparavant. Marie-Annevenait de mettre au monde Moana.
Vous noterez que les rejetons ont tous un prénom qui débute par la première lettre de la mère. On peut ainsi mieux identifier la lignée. Les jeunes femelles arborent un foulard pour les distinguer des mâles naissants.
L’alpaga est un mammifère exotique de la famille des camélidés, comme les chameaux, dromadaires et lamas. Il possède cependant ses caractéristiques bien à lui. Non l’alpaga ne crache pas au visage comme le lama qui est plus frondeur. Au contraire, il est plus timide et moins avenant vers les humains sauf peut-être les enfants qui attirent leur curiosité.
Les produits dérivés de l’alpaga sont dispendieux et pour cause. De 6 à 7 fois plus chaude que la laine de moutons, sa transformation n’en est pas moins plus élaborée comme en témoigne la vidéo ici-bas.
De la vingtaine de fermes sérieuses d’élevage d’alpagas au Québec, la Ferme Norli de Bromont est certainement l’une des plus importante tant par le nombre de têtes de son élevage que pour son volet agrotouristique avec ses visites guidées et sa boutique sans compter sa filature qu’on ne retrouve pas dans toutes les fermes.
Il faut saluer la passion des propriétaires Lise et Normand Pollender. Ne pouvant vivre sans animaux à la retraite, ils ont réaffecté la vocation de la ferme laitière en une ferme d’alpagas, ce qui aura eu pour effet de les tenir encore plus éloigné de la retraite tellement « qu’en y mettant le doigt, le bras y a passé »
On ne peut que partager cependant leur désarroi depuis que des « sans scrupules » ont dévalisé le fruit de leur labeur durant la pandémie. La présence des visiteurs et leur émerveillement viennent heureusement mettre du baume sur cet écueil qu’ils ne méritaient pas.
Visitée les 15 et 16 juillet 2021.
– MERCI à notre jeune guide Céleste Fausse, descendante de la famille, pour le partage de ses riches connaissances.