Je ne suis pas connaisseur, mais admirateur de ces cavaliers et leurs élégantes montures chevaleresques. J’y trouve un petit côté noble et fusionnel dans la relation entre la bête et son maître. On dit du furetage que c’est une « Action de s’introduire, de fouiller partout pour découvrir quelque chose. » Voici donc une incursion fortuite au Centre équestre Bromont.
Il aura fallu mon voisin de camping pour attiser la curiosité d’aller voir. Sa remorque hybride avec stalles pour 4 chevaux et une section avant en mode VR n’était pas le type de véhicule généralement rencontré dans un camping.
Un rapide échange cordial avec son propriétaire nous apprend que les bêtes sont déjà au Centre équestre de Bromont en compagnie de 250 autres participant à une des nombreuses épreuves de la saison pour sa fille cavalière passionnée.
Michel Bernier et Sandra Boutin sont les fiers parents accompagnateurs d’une adorable fille au sourire implacable. Shan Bernier n’avait que 5 ans lorsqu’elle monta en selle pour la première fois. Aujourd’hui âgée de 19 ans, elle est quasi de la catégorie des vétérans tellement elle a cumulé des succès. Elle s’entraine d’ailleurs assidument à l‘École d’équitation classique L’Amazone de Ste-Malachie dans Lanaudière en espérant faire migrer sa carrière dans les lignes majeures chez nos voisins du Sud à la réouverture de la frontière.
J’entends déjà les esprits judéo-chrétiens juger avec mépris que ce milieu n’est que pour les biens nantis. Pourtant je n’y ai vu aucun snobisme ou mondanités au champagne. J’y ai vu d’abord et avant tout des passionnés qui dans certains cas ont même fait des choix-sacrifices comme le font tant d’autres pour des activités de haut niveau.
On pourrait même s’aventurer sans risque à comparer ce milieu avec celui de la course automobile. Il y a des écuries et des paddocks. Des maréchaux ferrants tel des mécanos. Des remorques toutes équipées. L’affichage des « sponsors » est cependant plus discret, mais il existe. On parlera plutôt de partenaires qui soutiennent de diverses manières plus effacées les écuries et leurs dépenses d’entretien tout aussi élevées qu’en course automobile.
Mais le « horse power » de l’un ne se gère pas de la même façon que l’autre et c’est là la distinction profonde. Les chevaux ont droit à des considérations quasi humaines avec leurs caprices. Ils sont dorlotés à maints égards. Souvent, ils ne consomment pas le foin local, mais celui venant de leur patelin que l’on transporte avec un impressionnant attirail.
Ils n’aiment pas l’eau locale qu’ils refusent de boire ? Qu’à cela ne tienne, on y ajoute du jus de pomme. L’ultime gâterie est sans contredit les peppermints roses. Le soir venu, on bande leurs chevilles pour éviter qu’elles fassent de l’oedème et c’est tout juste si on ne leur chante pas une berceuse avant de quitter pour la nuit.
En période de réchauffement pré-compétition, on respecte leurs humeurs sans pression. Eux aussi ont parfois de mauvaises journées et alors ils « ne feront pas le saut » à la compétition. Le risque de blessure est trop grand.
Même les montures les plus chers ne sont pas garantes de succès assuré. Parlez-en à cette équipière dont le cheval valant dans les millions de dollars a refusé se sauter, éjecter sa cavalière et pris le mord aux dents après avoir provoqué l’effondrement de l’obstacle telle une boite d’allumettes. S’en suivi tout un émoi tandis que le cheval regagna au galop son enclos pourtant éloigné.
Je ne me suis pas attardé aux aspects et nuances de la compétition. L’envers du décor avait suffisamment satisfait ma curiosité, mais il sera toujours temps d’y revenir fureter à nouveau un jour car indéniablement, nous pouvons dire des Cantons-de-l’Est que c’est le Kentucky du Québec. L’esprit équestre y est omniprésent et son héritage olympique demeure.
Visite inopinée : 3 juillet 2021
– Vous êtes tentés d’aller voir ? Pourquoi pas à l’International Bromont généralement en juillet..