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CAPE COD : À LA RENCONTRE DES « CANAL RATS »


Un peu comme les joueurs impulsifs, les « Canal Rats » sont ces pêcheurs animés d’une certaine obsession à vouloir battre les probabilités et gagner à la loterie de la pêche en eaux salées. Ces pêcheurs invétérés, on les retrouve sur les rives du canal de Cape Cod qu’ils arpentent avec leurs vélos montés de supports à cannes à pêche leur donnant des allures d’antennes.


Les « Canal Rats » ont un code tacite de respect de chacun de ces compères sur la rive mais dans leur for intérieur, pas question de partager leurs secrets quant aux endroits de prédilection pour faire ces captures qui souvent tiennent de la pure chance ou encore des petits trucs qui distinguent leur gréement des autres. Néanmoins, il n’est pas rare de les voir concentrés en un même secteur où ils sont littéralement coude à coude.


Le pommeau de la canne à pêche appuyé sur la cuisse tel un soldat avec son fusil, ils sont aux aguets du moindre mouvement suspect sur l’eau. Il est d’ailleurs hallucinant de les voir lancer leurs appâts dès qu’un poisson saute. C’est comme si quelqu’un avait crié « FIRE » et tous appuient alors sur la gâchette en même temps en lançant leurs lignes. «  A real freak show » me lança l’un d’eux en me voyant quelque peu médusé.



Il n’en demeure pas moins que la pêche tient du sérieux. Ils sont certes légion de jour mais aussi de nuit alors que le bar rayé (stripped Bass) est plus actif dans sa quête de nourriture. Au camping attenant au canal où nous nichons, notre voisin rentra un jour aux aurores avec non pas une mais deux prises. Un bar rayé de 32 pouces et un autre de 42 pouces, pesant plus de 25 livres.



Tous ne sont pas aussi chanceux. Plusieurs reviennent bredouille ayant dans certains cas dû rejeter les prises inférieures à 28 pouces comme le veut la réglementation. Ces règles, ils les suivent rigoureusement, conscients qu’il faille préserver l’espèce disparue ailleurs notamment dans le fleuve St-Laurent où l’on tente depuis quelques années de la réintroduire.


La moitié des nombreux pêcheurs sportifs en eaux salées le font depuis la rive. Certains vont même jusqu’à y pêcher le homard en y lançant leurs cages. D’autres délaisseront les rives rocailleuses du canal et préféreront les battures sablonneuses de Provincetown à l’autre extrémité de la péninsule. Une bonne connaissance québécoise à nous fréquente assidument l’endroit chaque été. Cette année toutefois (2014), la pêche aura été désastreuse. Les bancs de bar rayé auront constitué le garde-manger d’une horde de phoques et de requins.



Long de 12 kilomètres, le canal de Cape Cod demeure incontestablement une passe migratoire pour nombre d’espèces marines, y compris de nombreux navires qui peuvent ainsi écourter leur trajet de quelques 217 kilomètres sans devoir contourner la péninsule. Sa construction fut épique et son histoire est à lire.


Avec son « State park camping » peu dispendieux (Scussets Beach), sa magnifique piste cyclable asphaltée, sa grande plage donnant sur une mer intérieure moins tumultueuse que sur l’océan et la curiosité de voir ces pêcheurs bien particuliers, vous aurez certainement gagné à la loterie sans devoir mettre votre ligne à l’eau.


  • Découvert en septembre 2014



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