Il a la démarche quelque peu hésitante, mais il marche droit comme un soldat sans aide assistée de canne ou de personne. Il a un peu maigri et ça le rajeuni dit la gent féminine. Il a toujours l’œil allumé, l’esprit vif et une mémoire phénoménale. Bernard Trottier a certes vieilli comme tout le monde, mais dans le fond, il n’a pas vraiment changé.
Tandis qu’au crépuscule de leur vie, plusieurs personnalités sombrent dans l’oubli, Bernard Trottier demeure plus vivant que jamais. L’homme d’affaire et mécène de renom qui n’a pas besoin de présentation continue de recevoir des honneurs mérités. Encore ces derniers jours, le Conseil canadien du ski profitait du gala 40e anniversaire au congrès annuel de l’Association des stations de ski du Québec (ASSQ) pour lui remettre le prix Judith Kilbourne, honorant son appui considérable à l’industrie des sports de glisse.
Monté sur l’estrade avec des champions qui sont déjà montés sur des podiums, tels Michael Kingsbury, Nicolas Fontaine, Yves Laroche et Stephane Rochon, allait donc de soi. Fierté non dissimulée pour sa fille, digne successeure du paternel qui n’a pas raté l’occasion d’immortaliser ce moment.
Parmi les 300 convives au banquet tenu au Château Bromont, Bernard Trottier était parmi ses pairs, athlètes comme grands acteurs de l’industrie. L’occasion était d’ailleurs donnée notamment de saluer les présidents de l’ASSQ des 40 dernières années.
À cette occasion, il n’y avait pas qu’une table d’honneur, mais elles étaient plutôt multiples. L’humble chroniqueur ski auteur de ces lignes aura eu l’insigne privilège d’être assis aux côtés du légendaire Bernard accompagné de sa fille Brigitte.
L’heure n’était pas aux réminiscences des grands moments de sa vie. Pourtant il aurait été facile pour lui de tomber dans la surenchère de ses prestigieuses connaissances que furent Jean-Claude Killy, Nancy Greene ou Jean-Luc Brassard.
Le moment était plutôt au rappel des petits souvenirs anodins qui donnent tant de couleurs aux histoires de ski comme le jour où il a satisfait les caprices de mon épouse en quête de son premier équipement de ski dont les composantes se devaient d’être de couleurs harmonisées.
Madame voulait des bottes rouges que n’offrait pas la gamme féminine à l’époque. Qu’à cela ne tienne, Bernard a su habillement adapter avec succès une paire de bottes Nordica pour homme… de couleur rouge. Je lui ai réitéré toute ma reconnaissance d’avoir ainsi contribué à convertir sur le tard une nouvelle skieuse à 30 ans.
Anecdote parmi tant d’autres, mais qui témoigne que la passion de l’homme pour le ski n’était pas qu’une question d’affaires, mais aussi de passion et de conviction. Indéniablement, sa contribution au monde du ski aura été complète, du néophyte à l’athlète accompli.
Il y aurait encore tant à dire que seul l’auteur de ses mémoires saura un jour raconter. À cet égard, sa fille Brigitte s’affaire à colliger une montagne d’archives qui alimenteront éventuellement l’auteur toujours recherché.
Aujourd’hui tenu loin des pistes, par prudence pour son corps quelque peu fragilisé par de multiples opérations, il n’en demeure pas moins près des pentes. Son plaisir coupable est d’aller à Ski St-Bruno uniquement pour « sentir la sueur dans la chambre des joueurs » et voir le bonheur des autres.
En saluant Bernard une dernière fois à sa sortie du Château Bromont avant qu’il ne rentre chez lui, ce dernier me confia avoir passé « une vraie belle soirée ». Et que dire de la mienne ???
EN SELFIE ci-bas : Yves Juneau (ASSQ), Michel Archambault (UQAM), Guy Thibodeau (MRG),
EX-PRÉSIDENTS ASSQ dans l’article : Charles Desourdy, Serge Couture, Guy Desrosiers, Daniel Rochon, Christian Dufour, Jean-Michel Ryan, Louis Dufour, Denis Boulanger, Brigitte Marchand, Manfred Lingat et Charles Blier.
NDLR : Pardonnez la qualité des photos sur I Phone. (mai 2019)